Des Lire d’été avec Andrea Penuela – Partie 1

Andrea Penuela est étudiante en master de traductions littéraires. J’ai plaisir à travailler à ses côtes au sein de l’association Marcellin Champagnat. Andrea est une jeune femme forte, douce, apaisante et bienveillante. Je vous invite à faire sa connaissance et à découvrir cette femme riche en valeurs et en humanité.

Lisiane : Bonjour Andrea, merci de m’accompagner sur Des Lire d’été. Pour démarrer, peux-tu te présenter en quelques mots?

Andrea : Je m’appelle Andrea Penuela. Je suis colombienne. Actuellement, je fais un master en traduction et interprétation littéraire à Lyon. En Colombie, j’étais de base journaliste. J’aime bien les langues. C’est pour cela que j’ai décidé de venir en France poursuivre mes études.

Lisiane : Peux-tu nous en dire un peu plus sur le contenu et l’objectif de ton master?

Andrea : En fait, il s’agit d’un master en traduction littéraire et édition critique, mais aussi d’interprétation. Dans ce cursus, l’accent est plus sur la traduction littéraire. Pour faire un bref résumé, c’est un master dans le but de traduire des livres. Il s’agit ici de traduction littéraire et non technique. Une traduction médicale est assimilée à une traduction technique. Dans le cadre de mon master, ce sont des traductions d’œuvres littéraires.

Lisiane : Dans le cadre de ton master, tu dois faire un mémoire. Quels sont les consignes à respecter dans la rédaction de ton mémoire.

Andrea : Dans le cadre de mon mémoire afin d’avoir mon diplôme, je dois traduire un livre. Etant colombienne et ayant pour langue maternelle l’espagnol, je dois traduire un livre français, pas encore traduit, en la langue espagnole.

Lisiane : Comment as-tu choisi le livre que tu allais traduire?

Andrea : Un jour, sur une émission radio, j’ai entendu une dame parlant de la violence sexuelle contre les femmes en République démocratique du Congo. J’ai trouvé le sujet très intéressant. Cela m’a encore plus touchée car elle a elle-même été victime de violences sexuelles. Au cours de cette émission de radio, elle a indiqué que son livre était publié avec une maison d’édition indépendante. Son livre est assez court mais intéressant. Sa manière de narrer est puissante. Elle conte un peu le témoignage de femmes qui ont été violées.

Lisiane : Peux-tu nous donner le le titre du livre et le nom de l’autrice?

Andrea : Le livre s’appelle “Au delà de nos larmes”. Il a été écrit par Tatiana Mukanire Bandalire.

Lisiane : Quelles ont été tes principales difficultés dans l’exercice de la traduction de ce livre?

Andrea : Le sujet en lui-même est compliqué. Il faut réussir à éveiller les consciences sur ce problème des violences sexuelles subies par les femmes, au Congo, mais pas seulement. Les témoignages sur ce sujet sont explicites et forts. Emotionnellement c’est compliqué. C’est un peu violent de lire certaines descriptions des actes subies par ces femmes. La difficulté est dans l’exercice de la traduction. L’autrice utilise plusieurs styles de narration. Cette différence de narration m’a perdue lors des premières lectures du livre. Je ne savais plus qui parlait et à quel moment. Elle utilisait aussi plusieurs prénoms de femmes. J’ai compris ensuite que c’est un style narratif que l’autrice utilise pour que n’importe quelle femme puisse s’identifier avec la personne qui raconte son témoignage.

Lisiane : Si je comprends bien, le style narratif utilisé par l’autrice a été ta principale difficulté dans la traduction et la rédaction de ton mémoire?

Andrea : Oui. Je rajouterai que l’autre difficulté est de toujours penser au public cible. Le livre original est destiné aux lecteurs francophones. Quand on fait une traduction, il faut penser au public cible. Dans mon cas, il faut que je pense aux gens en Amérique latine et en Espagne. Comment vont-ils recevoir ce livre, si un jour ma traduction sert dans l’exportation de ce livre dans les pays hispaniques? Il y a toujours des contraintes et des questions qui se posent lorsqu’on traduit.

Lisiane : Tu disais tout à l’heure que c’est un sujet difficile sur le plant émotionnel. Quel méthode utilises tu pour mieux retranscrire cette émotion? Est-ce que, en tant que lectrice, tu as également été impactée par moment par ce que tu lisais?

Andrea : Je pense qu’il n’ y a vraiment pas de technique en soi. Cependant, en tant que traducteur, on connaît quelques théories de traduction. Chaque traduction est unique et ces théories sont remises en question à chaque traduction. Je dois faire attention la charge émotionnelle véhiculée ou même la force d’un mot. Il faut bien cerner l’intention de l’autrice. Par exemple, quand on parle des violences sexuelles, ce n’est pas la même chose que de parler des viols. Il y a une différence dans les termes utilisés et leurs significations. En espagnol, c’est la même chose. Violence sexuelle ou violation? Il faut vraiment voir quelle est l’intention et essayer de voir par le contexte tout ce qui est raconté. J’essaie de respecter et de rester fidèle à cette intensité de langage dans le texte d’origine. Si j’utilise par exemple le terme de violence sexuelle, il sera un peu moins fort que le mot viol . Je dois faire attention à bien traduire la charge émotionnelle de chaque mot.

Lisiane : Est-ce que ta tutrice a lu ce que tu avais déjà rédigé?

Andrea : Elle a lu seulement la fiche de lecture. J’ai dû faire une fiche de lecture, c’est-à-dire une introduction pour justifier le choix de ce livre. J’ai fait un petit résumé du livre et des difficultés que j’avais quand au texte source. Elle n’a encore pas lu les chapitres que j’ai déjà traduit.

Lisiane : Quelles sont ces retours suite à la lecture de cette fiche de lecture?

Andrea : Elle a trouvé le sujet intéressant. Tout ce que j’ai dis précédemment sur le public cible, c’est ma tutrice qui me l’a conseillé. C’est elle qui m’a dit de garder en tête le public cible. Ce conseil m’est très utile. Il faut que je pense aux gens en Amérique latine ou en Espagne qui vont potentiellement lire ce livre. Elle m’a aussi fait comprendre une chose : les répétitions dans le livre font partie du style narratif de l’autrice pour faire pression et insister sur le fait que ces actes de violences sexuelles sont malheureusement répétés et perpétués. La répétition aide à comprendre la gravité de la situation.

Lisiane : L’autrice est-elle au courant que tu es en train de traduire son livre ?

Andrea : Non, elle n’est pas encore au courant. Sur un conseil de ma tutrice, je dois contacter prochainement la maison d’édition pour les informer de ma démarche, Le sujet du livre est malhreusement universel, Je dois leur envoyer un mail car c’est une maison d’édition indépendante sur Paris pour leur informer que je suis en train de me charger de la traduction en espagnol.

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